par Josy Taramarcaz.
AGRIDEA a mené une enquête auprès de 28 agriculteurs sans bétail de Suisse romande, ou avec peu de bétail ayant fait le choix du bio ces dernières années. Elle vise à connaitre les motivations pour la reconversion bio et les répercussions de cette décision.
Décision économique et environnementale
La décision de la reconversion n’est jamais mono-factorielle. Marché, revenu, sol, environnement, diminution d’utilisation de produits et image du métier d’agriculteur sont les motivations qui reviennent le plus souvent.
Le marché et la rentabilité économique est citée par 70% des agriculteurs questionnés : prix conventionnels en chute libre, difficulté de vendre, demande des consommateurs, marché bio prometteur, références technico-économiques favorables au bio…
Le deuxième argument pour la reconversion se trouve du côté « nature » et cité par deux tiers des participants de l’enquête : volonté de protection des sols et de l’eau, de diminution des produits phytosanitaires, problèmes de santé dus à l’utilisation de produits de traitement…
D’autres arguments, comme le côté innovant, les aspects techniques, la qualité des produits, l’indépendance par rapports aux firmes de phytosanitaires font également partie des motifs de reconversion.
D’autres arguments, comme le côté innovant, les aspects techniques, la qualité des produits, l’indépendance par rapports aux firmes de phytosanitaires font également partie des motifs de reconversion.
Principales répercussions pour l’exploitation
Les modifications principales lors de la reconversion ont été,
Les modifications principales lors de la reconversion ont été,
- la réorganisation de la rotation :
- introduction ou augmentation des prairies temporaires ;
- abandon de la betterave ou du colza (pour 8 agriculteurs, alors que 3 les ont conservés). - Investissement en machine de lutte mécanique contre les mauvaises herbes.
Changement des techniques et des perceptions en bio
En bio sans bétail, les principaux problèmes techniques sont les mauvaises herbes et la fumure, alors que les ravageurs et les maladies sont un moindre souci ! Rien de nouveau !
La perception des problèmes techniques dans les grandes cultures bio sans bétail est par contre différente entre les agriculteurs bio et les agriculteurs conventionnels (voir tableau).
En bio sans bétail, les principaux problèmes techniques sont les mauvaises herbes et la fumure, alors que les ravageurs et les maladies sont un moindre souci ! Rien de nouveau !
La perception des problèmes techniques dans les grandes cultures bio sans bétail est par contre différente entre les agriculteurs bio et les agriculteurs conventionnels (voir tableau).
Tableau : Perception des aspects techniques en grandes cultures bio sans bétail (en % des réponses)
Vus par les bio sans bétail
Vu par les conventionnels sans bétail (enquête 2009)
Résultats économiques
Pour les agriculteurs questionnés, le bio demande environ 15% plus de travail (désherbage). La commercialisation est bien plus facile et agréable qu’en conventionnel et le revenu est en général supérieur (dix huit agriculteurs - 64% - dégagent un revenu égal à supérieur qu’en conventionnel, un déclare gagner moins. Les autres ne peuvent pas se prononcer, car ils sont depuis trop peu de temps en bio).
Vue personnelle sur le bio
La moitié des agriculteurs déclarent avoir « redécouvert leur métier » après être passé aux méthodes bio. Les défis techniques et le fait de produire de la marchandise recherchée les conforte dans leur rôle producteur.
Les producteurs sont, en toute grande majorité, fiers d’être agriculteur bio et estiment que le bio améliore l’image de l’agriculture en général. Ils referaient le choix d’une reconversion bio aujourd’hui.
Les produits bio ont une qualité (interne et externe) supérieure pour les trois quart des agriculteurs. Un sur dix pense que la qualité est similaire aux produits conventionnels. Les autres ne peuvent pas se prononcer.
Le bio sectoriel n’est pas une solution à envisager pour les 4/5 des agriculteurs questionnés. Les autres l’auraient choisi au début, pour la betterave par exemple, mais remarquent que mener les deux systèmes de front serait très difficile, tant du point de vue pratique qu’intellectuel.
Faut-il une aide à la reconversion ? La réponse est clairement Oui ! (80%), surtout pour les aspects techniques, vulgarisation, visites de cultures, suivi, etc. Moins de la moitié (40%) pense qu’une aide financière serait nécessaire pour favoriser les reconversions.
Conclusion
Les motivations à la reconversion, avant tout économique et environnementales, débouchent sur des situations bien perçues avec des changements techniques et intellectuels. Les résultats économiques et sociologiques sont positifs et encourageants.
L’enquête a été faite par téléphone. Nous mettons ci-dessous quelques citation et réflexions des participants :
Albert, 64 ha : Ma pompe à traiter était en panne. On est allé en chercher une chez un bio qui voulait la vendre et on a visité la ferme et vu que c'était assez bien. On est allé voir chez d'autres bio et c'était bien. C'est motivant de pouvoir cultiver sans traiter, sans produits chimiques. C'était au printemps ! On s'est inscrit en automne et on ne regrette rien !
Bernard, 77 ha : Produire du blé que personne ne veut à 40 balles ? C’est mieux de produire quelque chose qui a de la valeur, même si le rendement est plus faible !
Célestin, 27 ha : Mes motivations ? Plutôt une réflexion en voyant les tonnes d'emballages de mes produits phyto pour faire des surplus qu'on ne peut pas écouler !
Etienne, 20 ha : Ce qui m'a fait le plus mal au ventre, c'est de devoir arrêter la betterave! J'avais un beau contingent et de belles cultures, mais qu’est ce qu’on pouvait faire ? Avec l’évolution des prix des cultures conventionnelles, ça ne paie plus !
François, 24 ha : Avant on vidait des sacs et on corrigeait si ce n’était pas beau. Maintenant c'est un autre regard, une autre approche : Mes blés ne sont pas bleus mais ils vont bien: ils sont verts, un joli vert
Gilbert, 36 ha dont 5 ha de vigne : Je redécouvre mon métier, avant j'appliquais des recettes, et j'ai une plus grande satisfaction personnelle. Je n’ai pas encore trouvé la solution pour tous les problèmes, mais c'est intéressant, c'est un peu l'aventure... avec un sentiment d'autarcie assez sympa au niveau de l'exploitation
Henri, 42 ha : Le bio sectoriel ? Oui, J'ai commencé par ça et je suis en reconversion par étapes, mais il faut aller jusqu'au bout de ce qu'on fait, être cohérent et tout faire
Josy Taramarcaz, AGRIDEA, mai 2011
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